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C’est un rituel quotidien : lorsqu’ils franchissent, un par un, le portail, les élèves qui possèdent un téléphone portable le déposent, enveloppé dans sa pochette personnalisée, dans l’un des bacs en plastique correspondant à leur niveau de classe. Supervisant l’opération, la conseillère principale d’éducation leur rappelle qu’il faut « bien éteindre » son smartphone sinon « il sonne ou vibre durant toute la journée ».
Avec ses 665 élèves, le collège Roquefeuil, un établissement installé sur les hauteurs de Saint-Gilles-les-Bains, sur la côte ouest de La Réunion, a anticipé, dès 2021, la « pause numérique ». Il fait partie des 200 établissements de France désignés cette année pour l’« expérimentation » de cette mesure avant qu’elle ne soit peut-être « généralisée dès janvier 2025 », comme l’a annoncé la ministre de l’éducation démissionnaire, Nicole Belloubet, lors de sa conférence de presse de rentrée, le mardi 27 août. Cette décision entend aller plus loin que la loi en vigueur depuis la rentrée de 2018 bannissant l’usage, mais pas la détention, du portable dans l’enceinte du collège. Une interdiction peu respectée, qui provoque de nombreuses perturbations en classe, dans les couloirs des établissements et dans la cour de récréation.
A son ouverture à la rentrée 2021, uniquement pour les 6e, les responsables de ce collège bioclimatique ont choisi d’instaurer d’emblée cette règle sur les portables. « L’établissement ouvrait. Cela a été plus facile d’imposer cette mesure éducative, observe la principale, Nathalie Pulou. L’idée est de laisser le téléphone à la maison. Ou, s’il est vraiment indispensable pour des questions d’organisation familiale, de le déposer à l’entrée. Il est restitué au départ de l’enfant. »
La règle est intégrée et respectée, indiquent les responsables pédagogiques, qui ne comptent qu’une vingtaine de cas par an de portables découverts dans des sacs d’élève. Trois à quatre incidents sont relevés, la plupart du temps, l’usage du téléphone pour faire des photos. « Comme beaucoup de choses dans un établissement scolaire, cela ne fonctionne que si l’ensemble de la communauté est partie prenante », insiste la cheffe d’établissement.
La mesure ne fait plus débat chez les collégiens. Même si elle avoue ne pas être « super heureuse » d’avoir laissé son téléphone à l’entrée, Lola, élève de 3e, admet n’en avoir « pas vraiment besoin » dans l’établissement. « Mais j’aurais préféré un système qui repose sur la confiance », nuance l’adolescente. « On peut faire sans, se résigne Mathis, lui aussi en 3e. Au moins, cela évite les problèmes comme le vol, la casse ou le cyberharcèlement. »
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